Les “barrages cognitifs”

Dans la nature, les barrages de castors ne sont pas de simples obstacles : ce sont des infrastructures vitales qui transforment radicalement leur environnement. En ralentissant le flux de l’eau, ils créent des zones de calme propices à la vie, filtrent les polluants, rechargent les nappes phréatiques et protègent contre les crues dévastatrices. Sans ces barrages, l’eau file sans retenue, emportant avec elle la richesse des sols et appauvrissant tout l’écosystème. Lire à ce propos le très instructif Rendre l’eau à la terre de Baptiste Morizot et Suzanne Husky…

Pourquoi garder la métaphore ? Aujourd’hui, nos jeunes évoluent dans un environnement où l’information déferle sans régulation. Comme une rivière en crue, le flux numérique emporte sur son passage la capacité d’attention profonde, la pensée critique, et cette lenteur nécessaire à la maturation intellectuelle. Cette accélération permanente crée une érosion cognitive : appauvrissement du vocabulaire, raccourcissement des temps de concentration, dépendance aux stimulations immédiates.

D’où la création de « Barrages Cognitifs », c’est-à-dire d’ateliers d’attention comme espaces de ralentissement délibéré. Pour au moins 4 objectifs :

• La sédimentation des savoirs — Comme les barrages retiennent les particules fertiles, la lecture profonde (activité du premier « barrage cognitif » créé cette année, pour 12-14 ans et 15-17) et la réflexion posée permettront aux connaissances de se déposer, de s’ancrer durablement dans la mémoire.

• La filtration critique — Les « barrages cognitifs » visent à offrir le recul nécessaire pour discriminer l’essentiel du superflu, développer l’esprit critique face aux manipulations technologiques et retrouver une autonomie de jugement. (création prévue d’un barrage cognitif « Initiation critique à l’IA »).

• La recharge des nappes attentionnelles — Comme l’eau stockée irrigue les sols en profondeur, ces moments de concentration restaurent la capacité d’attention soutenue, ressource fondamentale pour tout apprentissage authentique. (barrage cognitif « Lecture profonde »)

• La protection contre les crues informationnelles : Face au déferlement quotidien de sollicitations, ces barrages offrent une protection, un espace préservé où la pensée peut se déployer sans être constamment interrompue. (création prévue du barrage cognitif « L’image désarmée »)

On le voit : nommer ces ateliers « barrages » n’est pas anecdotique : c’est une façon d’affirmer qu’il faut parfois s’opposer au courant dominant pour préserver ce qui est vital. Face à l’accélération technologique qui menace notre humanité même, ces espaces de résistance cognitive deviennent — pour prolonger la métaphore — des refuges de biodiversité mentale, des zones où peuvent se régénérer les capacités les plus précieuses de l’esprit humain.

Soyons donc castors ! :) Et apprenons ensemble l’art du barrage : non pour faire obstacle au progrès, mais pour en réguler le flux et préserver autant que possible les conditions d’une véritable croissance intellectuelle… et humaine.​​​​​​​​​​​​​​​​

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pré-inscription aux barrages cognitifs « Lecture profonde » (10 h 200 €, 20 h 400 €) : lucas.dufour@pm.me (Scheveningen, La Haye) ou lplahaye@protonmail.com

Lire aussi :

• L’atelier “Lecture profonde”

• Atelier “Lecture profonde” (12-14 ans) – Première bibliographie indicative

• Atelier “Lecture profonde” (15-18 ans) – Première bibliographie indicative

• Atelier “Les détectives de l’info” et À propos de l’atelier “Les détectives de l’info”

• Atelier “Géopolitique junior” et À propos des ateliers “Géopolitique junior”

• Ouverture d’un “Refuge littéraire” à La Parenthèse (pour 12-16 ans) – Appel